Lyra soufflait enfin. Elle n'avait jamais apprécié Cousin et elle se sentait nerveuse à ses côtés. Tout son bonheur avait dépendu d'elle et l'angoisse qui l'avait étreint durant son mensonge avait été difficile à contenir. Cela faisait un petit moment déjà qu'elle n'avait pas menti, elle avait promis à Will... Mais il s'avérait qu'elle excellait encore dans ce domaine. Don de naissance sans doute... Elle devait le tenir de ces deux parents qui l'un comme l'autre n'avaient cessé de vivre dans la tromperie.
"Je crois que oui. Mais je te promets que je ne me suis pas entraînée ! J'ai grandi dans le mensonge, je pense que ça doit aider à forger le caractère !"
Elle était avec Will au milieu de la Cour Yaxley, cette cour qu'elle avait parcourue tant de fois seule en pensant à lui. Et aujourd'hui, il était là, à ses côtés, c'était incroyable, invraisemblable. Jamais elle n'aurait pu imaginer une telle chose ! Et cela avait été si facile ! Un petit mensonge et il faisait partit de ce monde, de son monde.
La cour était jolie, bordée de végétaux, des arbres magestueux ayant vécu depuis des centaines d'années déjà en ce lieu, quelques bancs sur les côtés, les pavés en pierre usées par de trop nombreux frottements de semelles.
L'endroit était désert. Trop tôt. Quelle heure pouvait-il bien être ? Peu importait puisque depuis que Will était revenu, Lyra ne le voyait plus défiler. Et elle s'en moquait. Plus rien d'autre ne comptait à présent. Ils étaient en sécurité, les ennuis étaient passés. Mais pour combien de temps encore ?
A quoi bon penser au futur quand le présent lui offrait un si beau moment ? Un moment dont elle avait rêvé pendant de longues années ?
En cet instant, Lyra était insouciante, elle se sentait légère, prête à tout. L'impossible n'existait pas, il n'y avait plus de limite. Elle portait sur son visage éclairé par la joie secrètement conservée en son coeur, un sourire radieux et ses yeux brillaient sous le soleil levant. Elle était heureuse.
Pantalaimon virevoltait calmement dans le ciel, profitant des rayons du soleil qui lui chatouillaient les plumes des ailes.
Lyra tourna son visage vers Will et répondit :
"Je crois que je sais. Moi aussi je le suis. Et je suis heureuse que Jordan te plaise, que tu t'y sentes chez toi. Tout a été tellement simple ! Je n'aurais jamais imaginé... toi... ici... avec moi ! A Oxford, mon Oxford, si différent du tien et pourtant... Il faudra que je t'amène au jardin botanique. Tu verras, il n'est pas tout à fait pareil que le tien mais le banc y est, et c'est tout aussi beau."
Elle s'arrêta un moment pour contempler le vol de Pan puis les jeux de Moxie et de Kirjava, souriante. Et, en regardant le ciel, elle ajouta :
"Je suis contente que tu sois revenu. Merci..."