Vagabonde (Pv Lyra)

L'été battait son plein. Il faisait une chaleur monstre, Marisa avait finalement décidé de sortir dans les rues d'Oxford, où elle passait quelques jours. Elle ne craignait plus le regard des gens à présent. Elle était revenue depuis assez longtemps pour les regards ne se tournent plus systématiquement vers elle. Elle portait une robe blanche arrivant au genoux, à coté de laquelle son Daemon singe marchait. C'est à ce moment là qu'elle aperçut une personne qu'elle ne pensait jamais revoir. Trop tard, elle l'avait vue elle aussi, et avait surpris son regard embarrassé.

La chaleur était suffocante et Pantalaimon ne tenait plus en place. Changeant sans arrêt de forme, allant de la fenêtre de la chambre au bureau en passant par la grande et vielle armoire en bois massif. Lyra s'impatienta :

"Bon sang Pan, arrête un peu ça, tu veux ?
- Désolé. Mais je ne tiens plus. Tu ne veux pas qu'on aille se rafraîchir un peu ?
- Où ça ?
- Je ne sais pas, au canal par exemple...
- Pan je suis occupée...
- Allez, ste plait, et puis au moins je t'embêterai plus après !
- T'es embêtant ! Bon allez viens."

Sautant de joie, il se fourra dans le cou de Lyra sous sa forme d'hermine pour la remercier mais, ne supportant pas la chaleur de ses longs poils, s'envola vite transformé en hirondelle.
Lyra leva les yeux au ciel en soupirant. Elle ouvrit la porte et dévala les marches avant de traverser les grandes cours de Jordan et d'atteindre le portail. Elle n'eut pas besoin de mentir pour que les surveillants acceptent de la laisser sortir. La chaleur leur pesait à eux aussi...

En quelques pas, ils durent au bord du canal. Pan se transforma en poisson et sauta aussitôt dans l'eau tandis que Lyra retirait ses cheussures et laissait ses pieds nus caresser la surface de l'eau avant de s'y engouffrer, riant sous les éclaboussures de Pan.

C'est à moitié trempée, les cheveux dégoulinants, riant aux éclats qu'elle la vit...

Une femme, belle, grande, charmante. Une femme terriblement familière. Une femme qu'elle n'aurait jamais pensé revoir... Sa mère...

Elle stoppa net son jeu et Pan, sentant que quelque chose n'allait pas, sortit sa petite tête argentée de l'eau avant de rester stupéfait. Alors, Lyra, stupéfaite annonça dans un souffle presque inaudible :

"Maman ?"

D'accord, c'était sur, elle l'avait vue. Le daemon singe avait stoppait sa marche, grimpé le long de son épaule et y enfonçait nerveusement ses griffes. Marisa avait le souffle coupée, et était incapable de dire quoi que ce soit. Elle avait le sentiment que tout son corps tremblait, et ce n'était pas loin d'être vrai. Sa fille était à quelques mètre devant elle. La jeune femme avait commencer à faire son deuil, à se dire qu'elle ne la reverrai surement jamais plus. Et elle était devant elle.

"Maman". Le mot qu'elle redoutait d'entendre. Non. Marisa n'avait jamais été une mère et s'en sentait incapable. Elle qui avait tant voulu la revoir, lui parler, n'arrivait même pas à soutenir son regard. Elle baissa les yeux. Cette gamine la détestait. C'était dur mais elle devait le réaliser. Pourquoi l'appellait elle Maman, elle qui avait toujours refusé de la faire ? Dans une voix presque pareille à celle de sa fille, elle se contenta de dire.

Lyra...

Elle ne savait si la gamine allait prendre ses jambes à son cou (ce qu'elle aurait compris) ou bien rester... Elle ne savait même pas si Lyra savait qu'elle était en vie...

Lyra était terrifiée. Elle ne savait quoi faire. Plusieurs solutions s'offraient à elle : déguerpir au plus vite et oublier cette histoire, s'enfuire reconter au Maître que Marisa Coulter n'était pas morte finalement, rester là, ne rien faire, lui poser les questions qui lui brûlaient les lèvres ou... ou lui sauter dans les bras parce qu'elle avait vraiment cru qu'elle avait disparu à jamais.
Ce besoin là était le plus puissant mais elle se retint, se contentant d'approcher de la femme toujours aussi éclatante de beauté.

Pantalaimon se transforme en loup, afin de pouvoir se défendre si le singe au pelage doré se décidait à lui sauter dessus. Il semblait tendu, c'était mauvais signe. Pantalaimon montra les dents, il ne voulait pas que Lyra approche, il préférait qu'elle fuit.

"Lyra, partons immédiatement, lui souffla-t-il, c'est risqué, elle ne devrait pas être là, allons prévenir le Maitre."

Mais Lyra était figée, incapable de bouger ne serait-ce qu'un doigt.
Ne faisant aucun cas de ce que lui racontait Pan, elle s'approcha encore un peu et demanda :

"Qu'est-ce que ça signifie ? N'étais-tu pas morte ?"

Elle comptait bien obtenir des explications. Sa mère était vivante, elle n'avait même pas cherché à la revoir, il lui fallait savoir ce que tout cela signifiait...

Donc voila. Lyra ne savait rien, et elle ne paraissait pas avoir envie de s'enfuir. Elle savait que Lyra allait vouloir savoir pourquoi elle n'avait pas chercher à la revoir, alors qu'elle était vivante. Elle comprenait ce que sa fille ressentait, puisqu'elle avait ressentit la même chose lorsqu'elle avait appris que Asriel était en vie... Elle ne savait pas quoi lui dire.

Il faut croire que j'ai survécu.

Lyra l'avait tutoyé, c'était ce qu'il lui avait en premier sauté aux yeux. Elle ne comprenait pas. Cette enfant était censée la détester...

Le singe doré se contentait de rester sur son épaule, en observant le Daemon de Lyra. Elle espérait qu'il n'allait pas l'attaquer.

Marisa décida de répondre à une question que Lyra finirait par poser.

Je ne pouvait pas venir te voir Lyra. Je n'en avait pas le droit...

[HJ : le grand retour de Lyra lol^^ Une promesse est une promesse et je tiens toujours mes promesses !]

"Je ne pouvait pas venir te voir Lyra. Je n'en avait pas le droit..."

La phrase résonna un instant dans la tête de Lyra. Pas le droit ? De quoi voulait-elle parler ?

"Est-ce qu'une mère peut ne pas avoir le droit de voir sa fille ? Est-ce qu'une mère peut être assez cruelle pour laisser sa propre fille dans la croyance de sa mort ? Est-ce qu'il existe quelqu'un d'assez puissant pour empêcher une mère de voir son enfant si elle l'aime réellement ??? Dès ma naissance tu m'as laissée seule, j'ai toujours cru que tu étais morte, que mes deux parents étaient morts. Aujourd'hui, la même croyance est en moi et je découvre qu'une fois encore on m'a trompée ? Une fois encore tu m'as trompée ? Et qu'en est-il d'Asriel ? Lui non plus n'est pas mort mais ne s'est pas donné la peine de venir mes voir ? De me faire parvenir un seul mot pour m'expliquer qu'il vivait encore ?"

Lyra commençait à s'énerver car elle en avait marre ! Marre qu'on lui mente, qu'on la prenne pour une enfant, qu'on la concidère comme inutile !

"POurquoi agissez-vous de cette manière avec moi ? Me détestez-vous à ce point ? Ne m'aimez-vous donc pas ? Qu'y a-t-il en moi qui vous éloigne à ce point ? Ne suis-je pas une enfant comme les autres ?"

Pan frémissait sur son épaule, sous la forme d'une corneille noire, il dépliait et repliait ses ailes sans arrêts, nerveux, prêt à s'envoler à tout moment.

"Lyra, partons je t'en prie, partons, nous ne devrions pas être ici !"

Mais Lyra n'écoutait plus Pantalaimon. Elle voulait savoir, elle voulait comprendre pourquoi elle n'avait pas le droit d'être traitée comme toute personne normale. Pourquoi elle n'avait pas le droit d'avoir des parents comme les autres...

Marisa tremblait. Toutes ces accusations, qui étaient pour la plupart fondées lui brisaient le coeur. Elle avait été cette femme là. Mais maintenant, si elle le pouvait, elle aurait souhaité pouvoir former une famille, prendre sa fille dans ses bras. La maître lui avait bien fait comprendre que c'était trop tard, qu'elle avait eu sa chance, et que Lyra, sa fille, ne souhaiterait en aucun cas la revoir. Ses paroles lui avaient fait mal, mais elle comprenait le maître et ce qu'il faisait. A l'époque. Maintenant que sa fille était en face d'elle, aussi amère qu'autre fois, Marisa ne savait plus quoi dire, plus quoi faire..

Elle comprenait la colère de Lyra à présent. Lorsqu'elle avait appris que durant un an, elle avait pleuré Asriel, l'homme qu'elle aimait, alors qu'il n'était pas mort, elle avait été en colère contre lui. Horriblement. Parce qu'elle l'aimait et que sa perte avait été plus douloureuse que tout ce qu'elle avait connu avant. Mais Lyra était en colère. Comme elle quelques semaines plus tôt. Marisa ne comprenait pas. Cela voulait il dire qu'elle l'aimait ? Elle son horrible mère dont elle disait haut et fort à qui voulait l'entendre qu'elle la détestait ?

Non Asriel n'était pas mort. La jeune fille allait à nouveau se sentir trahie. Plus surement. Lyra aimait Asriel avant tout cela. Elle l'aimait surement plus qu'elle.

Une larme coula le beau visage de la jeune femme, sans qu'elle ne réussise à la ravaler. Elle n'avait pas le droit de pleurer, ce n'était pas elle la victime, mais sa fille. Elle attendit quelque seconde, mais lorsqu'elle s'exprima, sa voix n'était plus chevrotante, plus hésitante, mais claire.

J'ai vécu caché du Magistérium pendant un an. Et lorsque celui ci a été renversé et que je suis redevenue quelqu'un, te voir m'a été interdit. Par le maître. Par cette personne qui t'aime et qui savait surement mieux que moi ce que tu souhaitais. Asriel n'est pas mort. Je l'ai découvert il y a maintenant quelques jours. Il a reçu le même ordre que moi. J'ignore comme il a survécu, et j'ignore comme j'ai survécu.

"Me détestez-vous à ce point ? Ne m'aimez-vous donc pas ? Qu'y a-t-il en moi qui vous éloigne à ce point ? "

Cette phrase se ficha dans le coeur de Marisa comme une flèche. Comment Lyra pouvait elle penser cela ? Si il le fallait, la jeune femme mourrait pour elle. Elle se justifia, se voix était plus remplie de passion que la première fois.

Comment peux tu croire cela Lyra ? Ce n'est pas en toi. C'est en moi que tout cloche ! Bien sur que je t'aime, plus que je n'ai jamais aimé. Si fort que cet amour est incompréhensible pour moi. Mais je suis une personne mauvaise de nature. Ces personnes ne sont pas faites pour avoir des enfants. Je n'ai pas le droit de désirer de te voir alors que je t'ai tant fait souffrir. C'est la raison pour laquelle j'ai accepté les conditions du maîtres alors que j'était fébrile à l'idée de te revoir.

Lyra resta ébahie. Elle vit le larme rouler sur la joue de sa mère et eut une immense envie de se jeter dans ses bras pour la consoler. Mais elle ne voulait pas se laissez duper, pas encore ! Sa mère était une fine comédienne, elle avait su l'apprendre au fil des années !

Mais à la regarder, Lyra hésitait... Etait-ce une comédienne ? Mentait-elle ? Jouait-elle ? Cela paraissait si improbable ! Elle avait l'air tellement triste, tellement vraie cette larme !

Lyra s'était jurée de ne plus jamais mentir. Elle avait remarqué que depuis, le mensonge lui était plus facilement détectable. Sa mère ne mentait pas, c'était une certitude, elle pleurait vraiment...

Les explications qui suivirent parurent incensées à la jeune fille. Mais après réflexion, elle comprit que le Maître avait voulu la protéger et qu'à sa place, elle aurait fait de même. Il ne pouvait encore accorder sa confiance à Mme Coulter, c'était impossible après tout ce qu'il s'était passé...

La nouvelle de la survie de son père biologique ne surprit pas Lyra. Plus rien ne pouvait la surprendre à présent que le plus improbable s'était réalisé. Alors ainsi, son père et sa mère étaient vivants... Que devait-elle faire ?

"Qu'avez-vous décidé, toi et lui ? Êtes-vous de nouveau ensemble ou séparés ? Vous êtes-vous seulement revus depuis ?"

Lyra ne savait plus ce qu'elle voulait, ce qu'elle devait faire.
L'expression de sa mère qui changea subitement la déstabilisa. Sa voix n'était plus la même et la non plus, elle ne mentait pas... Cette déclaration d'amour maternel c'était... si inattendu ! Voulait-elle regrettait-elle réellement ce qu'elle avait fait ?

Pan s'était arrêté, soudain, comme envoûté. Il avait cessé de gesticuler comme s'il avait compris. Compris que Marisa regrétait réellement son absence aurpès de Lyra.

Mais cette fois-ci, c'est Lyra qui le raisonna. Alors que celui-ci allait voler vers le singe doré, elle l'attrapa dans sa paume et le retint contre elle.

* Non Pan, pas maintenant ! *

Lyra ne voulait pas se précipiter, elle voulait attendre, réfléchir et surtout... parler au Maître. C'était important.

"Je veux revoir Asriel pour lui parler. Et j'aimerais que tu sois là aussi. Je vais parler au Maître, j'ai besoin de réfléchir... maman. Je te tiendrai au courant..."

Lyra avait hésité à prononcer le nom "maman". Mais après ce que venait de lui dire Marisa, elle lui devait bien ça. La jeune femme semblait avoir véritablement changé.

Le changement de ton et de comportement de Lyra envers elle surpris Marisa. Pourquoi sa fille n'était pas plus méfiante, n'avait elle pas compris qu'il était mauvais pour elle de lui faire confiance. La jeune femme souhaitait son bonheur et l'aimait plus que tout, mais elle savait très bien qu'elle pourrait la blesser sans le vouloir. Parce qu'elle était comme cela, et que malgré tout les efforts du mondes, elle était mauvaise de nature. Seuls ses sentiments envers sa fille étaient différents. Elle ne pensait qu'a elle. C'était une égoïste. Elle et Asriel avaient pensés à s'enfuir ensemble, à laisser leur fille et les opposants du magistérium se débrouiller. Ses pensées la dégoutèrent.

Lyra lui posa une question, comme une fille qui parle à sa mère, sur un ton banal et normal. Elle fut plus génée qu'autre chose, et choisit de répondre une demie vérité. Comment pouvait elle anoncer à sa fille qu'il y avait de très fortes chances qu'elle et son père se marie ? Après tout le mal qu'ils s'étaient fait ? Après tout le mal qu'ils lui avaient fait, à elle, qui n'avait rien demandé ?

Nous nous sommes revus..Et, nous n'avons encore rien décidé... Il semblerait qu'ensemble soit un mot plutôt correct....

La jeune fille allait parler au maître. Celui ci risquait de ne pas aprécier qu'elles se soient rencontrées. Mais aprés tout, Marisa n'y était pour rien. Elle n'avait pas dans l'idée dfe voir sa fille en venant à Oxford. Elle acquiésa d'un signe de tête.

Tout ce que tu voudras..Je..Je préviendrai Asriel.

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