Visite incongrue

Après avoir fouiné dans les vieux dossiers du Magisterium, le Dr Cornélius se rendit à Londres, avec la ferme intention de soutirer des renseignements à Mme Coulter. Il toqua à la porte et attendit qu'on lui ouvre.

Il était plutot tard. La jeune femme se demandait qui pouvait bien venir frapper à sa porte à une heure comme celle là. Elle se leva de son bureau et se dirigea vers la porte d'entrée. Lors Asriel s'était absenté, et elle ne pourrait pas dormir avant qu'il ne revienne. Elle entrouvrit la porte pour voir qui était là. Elle aperçut le docteur Cornélius, et garda donc la porte à peine entrouverte, avant de lançer d'une voix froide.

Qu'est ce que vous me voulez ?

"Allons, Marisa Coulter, je viens en ami."

Mes amis, bien qu'ils m'en reste peu, n'ont jamais essayé de me soutirer des informations...

Cependant, elle se résolu à laisser entrer le vieil homme.

Le vieil homme sourit à ces paroles, puis entra, suivi d'Aristote, le daemon panthère d'un noir de jais. Il s'assit sur un fauteuil et demanda :

"Comment allez-vous depuis notre dernière entrevue ?"

Marisa ne s'assit pas. Elle regarda le docteur Cornélius faire comme chez lui, et croisa les bras.

Je vais bien.. Qu'est ce que vous me voulez ?

Cornélius sortit d'une de ses innombrables poches de sa robe une bouteille de gin et deux verres :

"Je vous avais dit que je me débrouillerais. Il est question de l'aléthiomètre. Un verre ?"

Elle était sur ses gardes.

Non merci...

Elle répondit sans se démonter.

Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.

L'aléthiomètre se trouvait dans la poche de sa veste.

Cornélius se servit les deux verres de gin, qu'il but d'un trait puis murmura :

"Marisa... Ne me mentez pas ! Vous possédez la Boussole d'or de Jack Greystone ! Et il aurait été capable de la trafiquer pour qu'elle indique la direction de la bibliothèque d'Alexandrie !"

L'homme murmurait, mais Marisa sentit sa voix menaçante. Mais la jeune femme ne se démonta pas pour autant. Elle était chez elle. Asriel allait bientôt rentrer. Elle serai en sécurité. Elle plongea son regard dans celui du vieil homme.

Je ne possède rien du tout. Et tout ce qu'il m'a légué ne concerne que moi.

Elle éleva la voix.

Laissez le tranquille bon sang !

Cornélius remarqua l'affolement dans les yeux de son interlocutrice :

"Pensez-vous réellement que je serais capable de vous faire du mal ? Vieux et infirme comme je suis ?"

Il s'enfonça dans son fauteuil et se resservit un verre de gin.

"Néanmoins... Vous comprenez que les livres de cette bibliothèque ont une valeur immense. Ils mentionnent, dit-on, les secrets de la Poussière et des mondes. Votre contribution consistera juste en le fait de me montrer ce qu'indique la Boussole d'Or. S'il vous plaît."

Je me méfie... J'ai trop souvent accordé ma confiance à des gens qui ne le méritaient pas...

La jeune femme s'assit sur le canapé avant de soupirer.

Je ne peux pas vous aider. Pourquoi vous ne voulez pas comprendre ça ? Ce serait comme...

Elle soupira.

Ce serait comme trahir sa confiance...

Le vieil homme rajusta ses lunettes sur son nez avant d'ajouter :

"Mais vous savez qu'à moi, vous pouvez me faire confiance, n'est ce pas ? Et puis... Jack Greystone m'aurait bien entendu confié l'aléthiomètre, s'il était vivant. Il aurait voulu savoir où était la bibliothèque secrète."

Elle dit d'une ton sec.

Ecoutez je ne vous connais pas... Par contre je connaissais un peu Jack. Et je pense qu'il n'aurait jamais donné son aléthiomètre a personne. N'y voyez rien de personnel...

Le Dr Cornélius avala son cinquième verre de gin, écarta les bras et s'exclama :

"Mais si, vous me connaissez ! Tout le monde me connaît !"

Il reprit un peu de sérieux, rangea la bouteille et les verres et rajusta ses lunettes sur son nez :

"Bon, assez bavardé. Soit vous me laisser voir cet aléthiomètre en votre présence... soit je m'en emparerai."

Comment comptez vous vous y prendre ?

Je l'ai en permanence sur moi...

"Etant donné mon âge avancé et ma curiosité naturelle, j'ai été de nombreuses fois amené à faire des choses interdites ou improbables. J'ai des ressources..."

On verra bien.

Elle avait dit cela d'un ton sec, qui fermait la conversation.

"Eh bien, je vous conseille de faire très attention à vous ! Vous venez de vous mettre à dos le directeur du Consulat Londonien des sorcières, Mme Coulter ! Et je..."

Le viellard leva un index indécis. Il en avait trop dit.

"Enfin, bref... Au revoir et... Si vous changez d'avis, contactez-moi au plus vite !"

Je ne vous contacterez pas.

Elle marqua une pause.

Bah j'ai survécu à pire. Je survivrai.

Son air devint plus dur.

Sortez de ma maison.

"Bien. Au plaisir de vous revoir, vous et votre aléthiomètre, Madame Coulter !"

Le Dr Cornélius claqua la porte, puis fit appeler un fiacre pour le reconduire chez lui.

La jolie blonde avait retenu son souffle durant tout la fin de la la conversation. Elle se laissa tomber avec grace sur un canapé en soupirant.

Elle se rendit compte qu'elle n'avait pas faim, c'est pourquoi la jeune femme se glissa dans sa chambre, et après avoir enfilé une nuisette, se glissa sous ses dras.

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